Spoke a fait d’immenses progrès à une vitesse fulgurante. Chaque jour, grâce à WhatsApp, Séverine envoyait des vidéos des évolutions de notre pensionnaire à l’ensemble de notre équipe (le Dr Bedossa, Sarah Jeannin, Eléonore Buffet…). Ainsi, grâce à ces échanges quotidiens, toutes les expertises pluridisciplinaires étaient mises à profit dans l’intérêt du beau Doberman.
« Le port de la muselière, même en liberté à la maison, modifie fortement son état émotionnel et le rend plus réactif. Le contexte à AVA est fort différent et tout nouveau pour lui, déjà parce qu’il a la possibilité de s’éloigner lorsqu’il a peur, ce qui n’a jamais été possible avant puisqu’il n’a jamais été autrement qu’en laisse courte; Aussi, je l’espère s’il a la possibilité de voir des interactions amicales entre les humains et ses voisins de parc. Pouvoir observer ces situations devraient beaucoup l’aider », explique Eléonore Buffet.
De cette expérience, Séverine en a conclu que Spoke était un Doberman féru d’apprentissages. Ce n’est pas « un mauvais chien », et il n’a pas « de mauvais maître », mais il n’a simplement pas le cadre de vie adapté. Ce Doberman serait un bon chien de travail, et c’est sans doute ce qui lui permettrait d’être bien dans ses pattes, plutôt que d’être un « chien de compagnie »…
Après quelques semaines de pension, Spoke est rentré chez lui. Il a fait la fête à ses propriétaires et la vie a repris son cours. Désormais conscients de ne pas pouvoir offrir à leur chien l’environnement de vie adapté, ses maîtres sont ouverts à l’idée de lui trouver un nouveau foyer.
Ce que ces histoires nous enseignent
Les cas de Doug et de Spoke sont très intéressants à plusieurs niveaux :
Ils montrent avant tout que, contrairement à une idée reçue, l’abandon n’est pas forcément une fatalité. Ce peut au contraire être un acte responsable, une occasion d’offrir à son chien un nouveau départ. Lorsque la vie est intenable pour l’animal comme pour son foyer, demeurer ainsi pendant 10 ou 15 ans n’a aucun sens. C’est même dans ces situations que survient la maltraitance. Chercher une solution pour sortir de ce qui peut devenir « un enfer » est la meilleure attitude à avoir !
Ces histoires montrent également que l’euthanasie n’est pas la seule issue. Ces chiens sont très jeunes (1 an) et en parfaite santé. Ce n’est pas parce qu’ils ont mordu qu’il fallait les mettre à mort ou les abandonner sauvagement sur le bord de la route. Cela aurait été profondément injuste et cruel ! Lutter contre les euthanasies de convenance est le premier de nos combats.
Les chiens sont des individus, des personnes à part entière. Parfois, même avec les plus bienveillants des propriétaires, leur vie ne leur convient pas, et personne n’y peut rien. Des facteurs génétiques et environnementaux peuvent pousser un chien à devenir agressif. Ce n’est qu’avec de la bienveillance, de la compréhension et du respect mutuel, que l’Homme et le chien peuvent apprendre à cohabiter harmonieusement.
C’est cette approche que nous adoptons à la ferme-refuge AVA, et c’est celle qui nous permet de sauver des vies. Nous n’imposons rien à nos protégés et nous ne leur demandons même pas d’être de parfaits chiens de compagnie facilement réadoptables. Nous les acceptons simplement comme ils sont, avec leur personnalité, et nous nous ajustons à eux au lieu de leur demander de s’adapter à nous. Nous répondons à leurs besoins individuels, interagissons positivement avec eux sans jamais les contraindre, aménageons leur environnement et leurs activités quotidiennes… Ainsi, forts de 30 ans d’expérience de terrain et forts de nos nombreuses connaissances en sciences du comportement, nous pouvons l’affirmer : cette approche fait des miracles !
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