Le think tank Global Footprint Network calcule chaque année le « jour du dépassement » : c’est la date à laquelle l’humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la Terre peut renouveler en un an. Passé ce jour, nous vivons « à crédit » de la planète.
Cette statistique n’est pas infaillible, mais elle a le mérite de fournir un repère qui parle à tous : un instant sur une ligne de temps. Cet overshoot day est par exemple tombé le 22 août en 2020 et le 29 juillet en 2021 (5 mois plus tôt qu’en 1970, année quasi à l’équilibre).
Et si la planète entière vivait au rythme de la France, la date serait au 5 mai pour l’année 2022 ! Ce marronnier écologique m’a inspiré une analogie : transcrire cette notion de dépassement à la manière dont on « consomme » nos animaux domestiques. Car tout comme on dilapide les ressources de la Terre (énergie, eau, forêts, poisson), on traite souvent nos bêtes comme de simples consommables.
Abandons d’animaux en France : essayons de partir des chiffres
Difficile de mettre la patte sur des statistiques précises de l’abandon des animaux de compagnie, tant l’agrégation de chiffres est complexe. Impossible aussi d’enregistrer les – nombreux – individus « cachés » (animaux relâchés puis morts dans la nature, animaux tués par leurs propriétaires, etc).
Toutefois, le chiffre de 100 000 animaux abandonnés est avancé régulièrement.
Cette donnée brute, hors de toute comparaison, interpelle déjà : on parle tout de même de la population d’une ville comme Caen ou Nancy. La seule SPA témoigne de 40 000 à 45 000 animaux recueillis par an sur les quelques années passées, et des milliers d’autres individus sont hébergés dans des associations locales comme AVA.
Les seuls chiens et chats, animaux de compagnie par excellence, ne sont bien sûr pas seuls concernés par ce fléau : moutons, chevaux, rongeurs, poissons, reptiles, et bien d’autres en sont victimes.
Qu’est-ce que l’abandon ?
Pour parler chiffres, il faut aussi se mettre d’accord sur la notion même d’abandon : parle-t-on seulement des animaux que l’on remet à un refuge (certainement la façon la plus digne de le faire), puis de ceux que l’on attache à un arbre ou qu’on retrouve dans un carton ?
Un animal de compagnie qui vit enchaîné au fond d’un jardin (ou d’une cave d’ailleurs) n’est-il pas abandonné ? Et un individu qui manque de soins, de liberté et de l’amour dont il a besoin ? Il y en a tant. Quid des chatons nés dans la nature car issus d’adultes non stérilisés par leurs maîtres ?
Les animaux de cirques, zoos, aquariums, et même de certains poney-clubs ont-ils la vie qu’ils méritent ? Quant aux animaux de travail, d’agrément, de sport ou d’exposition, ils deviennent eux aussi fort encombrants quand ils n’ont plus l’utilité qu’on leur demande.
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